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Le Boudoir de Nath - Blog littéraire et culturel -
22 juillet 2016

Que sa volonté soit faite - Lucie ou la vocation - Maëlle GUILLAUD -

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Lucie ou la vocation

Maëlle GUILLAUD

Editions Héloïse d’Ormesson – Août 2016 –

 

En des temps où la désertion des églises n’a d’égal qu’une quête spirituelle croissante, Maëlle Guillaud nous offre pour la rentrée littéraire 2016 un premier roman sur ce thème, une perle,  découverte grâce aux Editions Héloïse d’Ormesson que je remercie  vivement.

A l’âge où les jeunes filles rêvent Liberté, prince charmant et études, à l’âge où elles se projettent dans un avenir tout tracé, Lucie, élève de la prestigieuse khâgne, va choisir un autre Destin en répondant à l’Appel de Dieu. Elle espère alors trouver la Paix intérieure et se prémunir de souffrances , comme celle liée à la mort de son père.

« Ma vie a pris un sens ».

Elle va alors devenir Sœur Marie-Lucie, une novice parmi tant d’autres, qui va subir humiliations et brimades, au nom de Celui auquel elle a choisi de s’unir.

Laissant les siens dans la plus totale incompréhension, elle intègre alors une congrégation religieuse aux règles de vie particulièrement strictes.  Le silence, l’isolement, et la prière sont les piliers de ce couvent.

Son chemin vers Dieu va se faire dans la douleur, le renoncement et le désir de ne jamais décevoir son Epoux, celui pour lequel elle prononcera les vœux de chasteté, pauvreté, et obéissance (à priori le plus insurmontable).

« Les larmes coulent, mais ce sont des larmes de soulagement. Le Seigneur ne l’a pas abandonnée. Elle sent sa présence ».

Jamais abandonnée ni par sa mère, ni par sa meilleure amie Juliette (qui exprime ses peurs, sa rage, son incompréhension au fil du roman) , sœur Marie-Lucie va évoluer dans ce monde hermétique, dont elle découvrira à son détriment, la cruauté, les dessous peu reluisants, les mensonges,  le machiavélisme, et la manipulation mentale.

Totalement soumise au carcan monastique, elle va peu à peu s’oublier, s’effacer, devenir cette religieuse impitoyable, voire cruelle, aux cheveux ras sous le voile, au corps empâté, mais peu importe, son abnégation est absolue.

« Elle ne se soucie plus de son apparence charnelle… Ses cheveux coupés ras tombent par poignées. Comme une mue ».

En dépit des luttes intestines pour le pouvoir (devenir prieure), en dépit des brimades permanentes dont elle est le témoin ou l’initiatrice , sœur Marie-Lucie ne déviera pas du chemin qu’elle pense être le sien, même lorsqu’elle sera totalement coupée de sa famille, sa mère étant interdite de visites.

« Elle n’est plus qu’une intruse dans la vie de sa fille. »

La découverte d’un secret, et de ce qu’il implique, pourrait toutefois engendrer une profonde remise en question (« Je crois que j’ai perdu la foi, mon Père ») et même le désir de quitter la congrégation.

Entre ambition personnelle,  manipulation ecclésiastique  sacrifice et apaisement, sœur Marie-Lucie va être la victime ou l’instigatrice de son propre Destin, en faisant un choix ultime…

 

Maëlle Guillaud nous livre là un petit chef-d’œuvre, un roman prenant, poignant, saisissant et bouleversant.

La souffrance de Lucie, son questionnement, son chemin spirituel, ses choix assumés,  son idéalisme absolu, ne peuvent laisser indifférent(e).

 Dans un style magnifiquement épuré, la plume de l’auteure devient une baguette magique qui laisse sur le papier des émotions multiples, des larmes, des sourires, et au final, un bonheur immense.

Ce roman n’est pas juste un énième bouquin sur une jeune fille ayant décidé de prendre le voile… Il va bien au-delà…

Il interroge sur la puissance de l’Eglise, de la foi, du chemin vers elle, de la capacité à renoncer à tout au nom de Dieu, et de la dépersonnalisation que cela peut entraîner, mais aussi de cette spiritualité qui ne cesse d’interpeller l’Humain, en ces temps de désordre et de pertes de repères.

Maëlle Guillaud analyse avec une immense justesse et une grande, très grande sensibilité ce besoin de croire, cette soif d’Absolu.

L’auteure s’est formidablement documentée, tant sur le mode de vie des religieuses, que sur les commandements qui sont les leurs.

J’ai été tour à tour Lucie, sa mère, et Juliette.  J’ai pleuré, j’ai ri, j’ai adoré cette lecture qui sera, à n’en pas douter, un incontournable de la rentrée littéraire…

Mon intuition me disait « attention, pépite ! »  ,  « Lucie ou la vocation » va bien au-delà. 

Un roman à ne pas manquer donc, que je vous conseille vivement !

Merci, merci à Maëlle Guillaud et à Eho pour ce cadeau estival, qui ne quitte ni ma tête ni mon cœur.

 

 

 

 

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Commentaires
D
Belle chronique pour un beau livre qui ne m'enthousiasmait guère avant de le lire 😀 collectiondelivres.wordpress.com
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L
L'histoire ne me donnait pas particulièrement envie de prime abord... Mais finalement, je suis si curieuse de le découvrir !
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B
Magnifique chronique, encore une fois superbement écrite !
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