Atelier Bric A Book 233 - Conte de ma crypte -
Cher Toi,
Je reviens aujourd’hui sur ces lieux qui furent mon enfer, où toi, cher démon, m’avais enfermée, cloîtrée, pulvérisée.
Je revois ces murs, que tu avais érigés autour de moi, ces chaînes qui incisaient ma peau, qui lacéraient mon âme.
Je frôle du bout de mes ongles abîmés tous ces recoins de mon esprit que tu as voulu éteindre, jour après jour, mois après mois, année après année. Je respire le moisi de notre amour défunt, les souvenirs affluent et cognent. Ma chair se hérisse, mon ventre se noue.
La nuit. Puis le néant. Puis l’oubli. Puis les méandres de ta folie.
La peur. Les larmes. Les prières. L’effroi. L’âme qui s’éteint, la fenêtre qui ne laisse passer qu’obscurité et terreur.
Tu fus l’araignée tissant sa toile autour de mon souffle coupé, autour de mon existence que je pensais flinguée.
Le temps qui passe. Qui passe.
La fenêtre qui s’ouvre, peu à peu.
La lumière qui revient doucement, et l’Espoir avec.
Le soleil efface la noirceur, la noirceur sale, moche, couleur du sang.
A travers la fenêtre, il enserre de ses mains les murs croupis, les blanchit de sa chaleur régénérante.
Cette phrase de Camus gravée sur les murs de mon corps qui s’éveille: « Au milieu de l'hiver, j'ai découvert en moi un invincible été ».
La fenêtre. Le soleil. La Vie.
L’été qui revient. Avec lui l’Amour.
Alors tu vois, cher Toi, aujourd’hui je n’ai plus peur.
Je balaie les toiles que tu as tissées.
J’abats les murs un par un.
La crypte de mon âme ne t’appartient plus.
Cher Toi, je viens de refermer définitivement la porte de cette prison. J’ai jeté la clé au loin. J’ai enterré auprès de ta tombe nos années défuntes.
Cher Toi, je t’adresse d’ici-bas mes lumineuses salutations.
,© Nath