On ne possède rien. Surtout pas l'amour - Pardonnable, impardonnable - Valérie TONG CUONG
Pardonnable, impardonnable
Valérie TONG CUONG
Editions JC Lattès Janvier 2015 -
J'ai découvert Valérie Tong Cuong grâce à mon amie blogueuse Eirenamg * (références ci-dessous), et depuis lors, c'est toujours un immense plaisir de retrouver ses romans, ce style qui n'appartient qu'à elle, et qui vous prend aux tripes. Complètement sous le charme de la plume de cette auteure , je la suis livresquement et fidèlement.
Ma toute première lecture de Valérie fut donc "Pardonnable, impardonnable" (merci Namg, pour ce conseil, et tous ceux qui ont suivi), et ma toute dernière, en cours, est Par Amour (parution le 28/01/2017 aux Editions JC Lattès).
Voici donc ce qui fut ma chronique de ce coup de coeur, en attendant celle du tout dernier roman , qui en est bien sûr également un (coup de coeur).
Tout commence par un drame : Milo, 12 ans, est victime d’un accident de vélo qui le plonge dans le coma.
Tel un détonateur, cet accident va servir de révélateur : tous les non-dits, secrets, mensonges et rancunes au sein de cette famille en souffrance vont alors exploser.
Le roman est écrit à quatre voix, qui, nécessairement, s’entrecroisent, s’aiment, se détestent, ne se parlent pas, ne se parlent plus.
Jeanne : la matriarche. Possessive et autoritaire, elle a développé avec sa fille aînée, une relation fusionnelle, au détriment de sa cadette. Au fil des pages, on découvre toutefois que cette femme à priori détestable est en fait blessée et meurtrie.
Céleste : l’aînée, la mère de Milo. Très protectrice envers Marguerite, sa sœur mal-aimée, elle porte en elle une immense souffrance. Elle est empathie et compassion.
Lino : le mari de Céleste, le gendre détesté de Jeanne. Issu d’une famille modeste, il s’est battu pour sortir de sa condition, qu’il renie. Il noie ses blessures dans l’alcool et dans le travail.
Marguerite : la fille rejetée de Jeanne, son « cancer ». Elle incarne la douceur et la tendresse. Considérée comme responsable de l’accident, elle va focaliser les haines, jusqu’au moment où… Très proche de Milo, elle est dépositaire, comme les autres membres de cette famille si politiquement correcte, d’un lourd secret.
"Marguerite était mon cancer. Elle avait d'abord enflé dans mon ventre et, à présent, elle colonisait mon sein. Ce n'était pas un amas de cellules malignes que je palpais, mais la douleur de sa naissance que je portais depuis toujours sans jamais avoir réussi à m'en délivrer, sans jamais pouvoir en confier le fardeau. J'étais le monstre qui avait accouché du monstre."
Tous ces personnages ont pour seul lien commun l’enfant. Pour lui, et à travers l’épreuve qui les unit (ou pas) , ils vont devoir apprendre à s’interroger sur le nécessaire sens du pardon.
A travers les cinq chapitres : le temps de la colère, de la haine, de la vengeance, et des regrets, tous vont cheminer jusqu’à la libération rédemptrice.
Voici un livre qui vous emporte, vous saisit, vous émeut.
Il est difficile de ressortir indemne de cette lecture, qui ramène forcément, pour beaucoup, à des interrogations personnelles.
J’ai aimé le style profond, délicat, l’écriture belle et douce. J’ai aimé ces personnages aux multiples facettes, qui, même au plus profond de leur noirceur, finissent par devenir attachants.
J’ai été totalement emportée du début à la fin par les questionnements croisés, les rebondissements, les cheminements personnels et bien sûr l’écriture si fine et addictive de Valérie Tong Cuong.
"Il est si difficile de composer avec une vie dont on ne détient que des fragments, quand on n'a même pas idée de ce qui nous échappe, quand tout autour de nous n'est constitué que de pièces manquantes dont on ignore les contours.
Que sait-on les uns des autres ? Que sait-on de nous-mêmes, de nos propres fondations ?"
* Le lien vers le blog d'Eirenamg :
Lire un livre d'un auteur dont on apprécie l'univers est toujours un privilège, il y a un peu plus de 2 ans, j'ai eu la joie de découvrir un livre de Valérie Tong Cuong, un peu par hasard c'était l'atelier des miracles au cœur de l'été.
http://eirenamg.canalblog.com