Famille, je vous hais - Les garçons de l'été - Rebecca LIGHIERI -
Les garçons de l'été
Rebecca LIGHIERI
Editeur : P.O.L - Janvier 2017 -
Les garçons de l’été c' est un coup de griffe magistral porté à toutes ces familles « bien comme il faut » , chez lesquelles tout n’est que vernis.
Thadée, Zachée et Ysé sont les enfants « merveilleux" de la non moins merveilleuse famille Chastaing. Tout leur réussit, juqu’au jour de l’accident.
En effet, Zachée, surfeur émérite, est victime d’une attaque de requin, qui le laisse handicapé. Et là, commence la descente aux enfers.
La façade rose bonbon se lézarde de toutes parts, le paquebot familial prend l’eau, et personne n’écope.
Nous, lecteurs, nous voyons apparaître peu à peu l’autre face, la face moche, de chacun des personnages : Thadée, en proie à ses propres démons qui vont le conduire à commettre le pire, mais aussi des parents englués dans une morale étriquée qui n’est encore une fois qu’apparence. Et au milieu de cet océan putride, il y a Ysé, la fille cadette. Ysé qui voit, qui dessine, qui analyse.
Le suspense va grandissant, et la narration chorale accroit cette impression obscure de claustrophobie.
La violence symbolique (le requin, et bien évidemment, ce fratricide que l’on ne peut qu’apparenter à celui, biblique, d’Abel et Caïn) est le mur porteur de ce roman dérangeant par ce qu’il porte de non-dits, de tempêtes et d’ombre. Les horizons ouverts et les plages de sable fin, le soleil, les lieux paradisiaques sont l’opposé absolu de la noirceur des âmes.
En dépit du vocabulaire propre aux surfeurs, et qui a totalement glissé sur moi, le roman de Rebecca Lighieri est brillamment mené de bout en bout, et laisse un goût amer, un certain malaise aussi, ce « je ne sais quoi » qui fait qu’on ne peut l’oublier une fois refermé.
© Nath