Comment peut-on exister sans être nommé ? - Père inconnu - Patrick DENYS -
Père inconnu
Patrick DENYS
Editeur : Grasset – Avril 2017 –
Les premiers romans, j’aime beaucoup, beaucoup ! C’est donc avec un grand bonheur que j’ai découvert ce Père inconnu, signé Patrick Denys et paru aux Editions Grasset , que je remercie vivement.
Paul est né « de parents inconnus » , en 1941, dans une Bretagne où Résistance et mouvements autonomistes se côtoient, faisant face à l’horreur de la guerre.
Il est en réalité le fruit d’une histoire passionnée entre Dorine, femme mariée à François , parti combattre (et pour qui elle n’éprouve pas d’amour)et Ludovic, capitaine de réserve et….prêtre !
Paul grandira sans connaître son père, sans vouloir le connaitre, ne sachant pas ce qu’est un papa..
« Comment un arbre pourrait-il s’épanouir, si les racines ont été coupées, qui le raccordaient au sol ? »
Le roman se compose de plusieurs parties, dans lesquelles les personnages principaux vont révéler leur vision de l’histoire , mais aussi et surtout leurs failles, leurs fragilités, leurs forces aussi.
Et puis, il y a les fragments de cette lettre bouleversante , qui s’étale sur une dizaine d’années, que Paul adresse à son père inconnu, à cet homme dont il cherchera la trace, dont il tentera de se rapprocher, tout en le fuyant, et sur les pas duquel il marchera finalement pour tenter de le rejoindre sur le chemin qui le mènera au pardon.
« Sachez qu’au terme de toutes ces années, j’ai trouvé la fierté qui me manquait de vous ».
Autant vous le dire, ce roman est un gros, gros coup de cœur pour moi.
L’écriture de Patrick Denys est subtile, l’émotion vous saisit à fleur de mots, et il est impossible, je vous l’assure, de ne pas entendre les soupirs du cœur, les regrets de ce couple improbable, les larmes retenues de Paul, les obus qui n’ont pas fait que fracasser les côtes bretonnes, mais qui ont détruit des âmes.
C’est une peinture sans concession de l’autorité ecclésiastique, véritable machine à broyer, n’hésitant pas à pratiquer la politique de la terre brûlée pour quiconque sortira des rangs qu’elle a ordonnés (à tous les sens du terme).
Peinture également, au couteau, d’une société « bien-pensante » , attachée par dessus tout aux apparences, au qu’en-dira-t ’on. Pour ne pas afficher une situation dite « honteuse », cette même société écartèle, écrase, détruit, sans aucun remords.
C’est un magnifique appel à la tolérance, à l’Amour, à la résilience, qui fait du bien « dans ce monde qui flambe de toutes parts »
Voici un premier roman fort réussi, qui a fait mouche dans mon cœur, et qui m’a profondément bouleversée, tant dans sa forme que sur son fond.
Alors que dire d’autre, sinon que j’espère vivement que Patrick Denys nous réjouira encore de sa plume !
© Nath