Survivre à la déchirure - L'amour après - Marceline LORIDAN-IVENS et Judith PERRIGNON
.L’amour après
Marceline LORIDAN – IVENS
Judith PERRIGNON
Editions Grasset – Janvier 2018 –
162 pages
Rentrée littéraire d’hiver
« Je n’étais pas une gosse, j’avais tout compris du genre humain à quinze ans, pas une adulte non plus, j’avais si peu connu de la vie, j’étais un petit être farouche, hybride, souvent cassant, doté d’un penchant pour la mort et d’un redoutable instinct de survie».
Marceline Loridan-Ivens m’avait profondément bouleversée avec son témoignage sur l’horreur de la déportation, vécue alors qu’elle n’avait que quinze ans.*
La voici qui revient ( ô bonheur !), à nouveau main dans la main avec Judith Perrignon, pour un nouveau récit « L’amour après ».
De ces deux mots « amour » et « après », on ne saurait dire lequel est le cœur de ce livre, tant les deux sont intimement liés. En effet, comment se construire « après » une telle déchirure ? Comment aimer, s’aimer, aimer ce corps bafoué et nié , ce corps « sec » ? Comment se sentir libre à l’intérieur des barbelés que la vie pose forcément, chaque jour, ces barbelés invisibles qui succèdent à ceux des camps ?
Elle, Marceline Rozenberg, est revenue. Elle, le numéro 78750, elle, la « fille de Birkenau », a survécu.
Plus de soixante-dix ans « après » (toujours ce mot ! ), elle revient sur sa vie d’ensuite… Sur ses amours « après »… Sur ses désirs, ses engagements, ses combats, sa Liberté « d’après ».
Elle, Marceline Loridan-Ivens, ouvre une vieille valise, et déballe sous nos yeux son contenu : des lettres, des photos, des souvenirs des hommes de sa vie…
Alors que l’obscurité l’enserre, elle, offre un récit éclatant de lumière, d’amour, et de liberté. Une liberté chevillée à ce corps avec qui elle a enfin fait la paix.
La voix de Marceline Loridan-Ivens, sa plume qui enlace celle de Judith Perrignon, sa verve, son humour, font de ce récit un bouleversant hymne à la Vie, tout en sensualité. Sans tabou.
J’ai été particulièrement touchée par le bel hommage à Simone Veil, sa « sœur » et par la sublime histoire d’amour avec Joris Ivens.
« Je me fous de mon âge. Ce sont les images de ma jeunesse qui m’affolent. J’ai vu la mort déjà. Des images trop nettes, des corps et des corps. Je sais qu’on meurt seul…. Ma vie, c’était vraiment du rabe ».
Je remercie les Editions Grasset, du fond du cœur.
Je remercie Marceline Loridan-Ivens pour qui elle est.
Je remercie Judith Perrignon, journaliste de grand talent, qui a contribué à me faire vivre, encore une fois, toutes ces émotions de mots.
© Nath
* « Et tu n’es pas revenu » Marceline Loridan-Ivens et Judith Perrignon ( Grasset : 2015 / Livre de Poche : 2016) . Grand Prix des Lectrices Elle 2015 (Documents)