Gracias a la vida - L'attrape souci - Catherine FAYE -

L'Attrape-souci

Catherine FAYE

Editions MAZARINE - Janvier 2018 -

Rentrée littéraire d'hiver

"Selon une légende d'Amérique du Sud, les enfants racontent leurs soucis quotidiens aux petites poupées avant de s'endormir et les placent sous leur oreiller. Le lendemain matin, les poupées ont pris à leur compte les soucis, qui se sont ainsi envolés ".

D'envol, ou plutôt de disparition, il en question dans ce très beau premier roman de Catherine Faye, paru aux Editions Mazarine.  Lucien et sa mère flânent dans une librairie à Buenos Aires , au cours d'un voyage destiné à faire connaître se racines argentines à l'enfant.  Soudain, alors qu'il contemple un attrape-souci, sa mère disparaît. Comme par magie.

"Je me suis retourné pour faire signe à ma mère. De là où j'étais, je ne la voyais pas, j'ai tendu la main pour la saisir, mais j'ai eu peur que le libraire ne pense que j'allais la voler, alors je l'ai reposée, j'ai regardé de tous les côtés et je me suis dirigé vers la sortie, les mains vides. Sauf que dehors, personne. Elle avait disparu."

Alors du haut de ses onze ans, il décide de partir à sa recherche. Dans ce pays lointain, totalement inconnu, aux codes qui lui échappent.  Il deviendra Lucio.  Il côtoiera des personnages aussi différents et variés que peut l'être l'Argentine. Celle des bidonvilles, celle des beaux endroits, celle des gosses des rues, des prostituées. Celle de ce jardinier qui le prendra sous son aile bienveillante. Celle qui lui donnera la force et le courage pour mener sa quête. Celle d'une mère, celle de ses racines, celle de son histoire . La force de se battre pour vivre. Pour survivre plutôt. En ne renonçant jamais. Lucien/Lucio serait-il l'âme du peuple argentin ?

Catherine Faye dresse à travers ce regard bouleversant d'enfant une incroyable série de portraits qui jalonnent ce magnifique conte initiatique, touchant, lumineux, émouvant, et réaliste. Portrait également d'un pays dont on sait si peu de choses, tout étant soigneusement calfeutré.  Ce n'était pourtant guère évident  : décrire la solitude, le désespoir, la misère, la faim, et puis l'espoir, et puis la Vie ( et cette Amérique Latine que je rêve de découvrir).

"Je dessinais et je peignais debout. Toujours debout".

Je remercie les Editions Mazarine pour cette lecture Coup de Coeur . Mention spéciale pour ma splendide couverture !

©  Nath