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Le Boudoir de Nath - Blog littéraire et culturel -
24 août 2018

Un écrivain primitif - Pays sans chapeau - Dany LAFERRIERE

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Pays sans chapeau

Dany LAFERRIERE de l'Académie Française

Editions Zulma – Août 2018

Rentrée littéraire 2018

 

« Il y a longtemps que j’attends ce moment : pouvoir me mettre à ma table de travail (une petite table bancale sous un manguier, au fond de la cour, pour parler d’Haïti, tranquillement, longuement…  On écrit avec son esprit. On parle avec son corps.  Je ressens ce pays physiquement. Jusqu’au talon."

Après vingt ans d’exil, l’écrivain primitif, "Vieux os", narrateur du roman, revient en Haïti.  Un retour aux sources nécessaire qui provoque en lui une impérieuse nécessité d’écrire.  De décrire.  Décrire ses sens à nouveau en éveil, réveillés.

Dany Lafferière nous offre avec Pays sans chapeau ce retour aux sources.

Pourquoi ce titre ?   Sachez que le Pays sans chapeau, en Haïti, c’est l’au-delà. La tradition veut que personne ne soit enterré avec son couvre-chef. C’est ainsi.

Au fil des pages, de courts chapitres s’ouvrent délicieusement sur une pensée écrite en créole et traduite littéralement, afin que leurs sens restent toujours un peu secrets : on est dans le bain !

Les souvenirs, les odeurs, les sensations, les mots oubliés (ce créole que l’on retrouve en tête de chaque chapitre) reviennent, comme tout ce que l’on garde au fond de soi, avec cette nostalgie que l’on n’ose avouer. Ces mots gardés , ces mots tus, parce qu’on est loin, et parce que là où on est, ils n’ont aucun sens.

Le roman est peuplé d’anecdotes, de courts chapitres, et alterne entre vie réelle et vie rêvée. On est transporté dans un autre monde. Peuplé de légendes, de croyances ancestrales emplies de sagesse.  On partage la vie de famille de l’auteur, ses  souvenirs. Son présent.  On fait connaissance avec  sa famille, sa mère et sa tante notamment. 

« Les Américains, mon fils, me dit ma mère avec un sourire au coin des lèvres, ils n’arrivent même pas à distinguer un Noir instruit d’un Noir illettré, et tu leur demandes maintenant de faire la différence entre un Noir mort et un Noir vivant. »

La langue est colorée, ronde et charnue, chaude, drôle et poétique. 

C’est un bonheur de retrouver la verve de l’auteur et ce regard si particulier, quelque peu indescriptible, qu’il porte sur tout ce qui à mon sens, une source de réflexions :  sur la vie, sur la mort, sur les traditions, sur la transmission, sur la famille et bien évidemment sur l’exil.   Est-on le même lorsque l’on revient, longtemps après être parti ?  Qui a changé ? Le pays ou l’exilé ?

J’ai aimé la poésie du roman, cette langue riche et colorée, j’ai appris énormément sur Haïti, pays que je découvre peu à peu (ma dernière lecture sur ce sujet étant le roman de Louis-Philippe Dalembert dont vous trouverez la chronique un peu plus loin).

" - Ce que je peins, c'est le pays que je rêve.

- Et le pays réel ?

- Le pays réel, monsieur, je n'ai pas besoin de le rêver"

© Nath

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