Piège amoureux - Douce de Sylvia ROZELIER - Coup de coeur !
Douce
Sylvia ROZELIER
Editions le Passage – Août 2018
Lorsqu’elle le rencontre, ce n’est pas le coup de foudre immédiat, genre tsunami qui renverse tout sur son passage. Non, c’est plus insidieux que ça. Le venin , c’est pire, je pense, quand il se dissout lentement dans le corps. Ce n’est pas une fulgurance, et pourtant… Pourtant, elle pense à lui. D’abord un peu, puis beaucoup, puis passionnément, puis à la folie. Lui qui vit à l’autre bout de la France, lui qui a vingt ans de plus qu’elle. Lui qui deviendra bientôt son indispensable oxygène. Avec ce roman uppercut paru aux Editions le Passage, Sylvia Rozelier trace l'itinéraire d'une désespérance amoureuse.
« De fil en aiguille, nous en sommes venus à nous écrire de longs mails. Un échange épistolaire, l’air de rien. Rien qui ne compte, n’engage d’autre qu’un dialogue. Mais ce rien-là existait bel et bien, prenait de la place. De plus en plus de place à mesure que les jours passaient »
Il flatte, il esquive, il ment. Il promet et disparaît. Elle étouffe loin de lui. Elle est en manque de sa peau, de son corps, de son rire, de ses mots , de ce « Douce » qu’il a fait d’elle. Il triche, l’enserre dans ce piège infernal que peut devenir l’amour passion. L’amour poison.
« Je tombais sur toi, tu tombais en moi et nous tombions dans le vide »
Elle, la femme indépendante, la femme brillante, intelligente, elle l’attend. Passionnément.
Il manipule. Il la manipule. Le mal est fait et creuse chaque jour davantage son sillon.
« Un envahissement. Voilà ce à quoi tu m’avais acclimatée, nourrie pour bientôt m’affamer »
Elle est lucide, mais l’addiction est plus forte que la raison. La descente aux enfers durera huit ans.. Huit années de mensonges, d’’espoirs, de ruptures et de retours, d’attentes, d’absences, de dérive.
Douce, elle est fragile. Elle est toute en carences, toute en blessures. Celles qu’on tait quand on est une femme libre est indépendante. Celles que l’on se tait. Celles qui font que peut-être on ne sait pas aimer, car on ne sait pas s’aimer. Alors, forcément, l’amour devient quête. Quitte à se brûler les ailes..
« Tes mots d’amour, je les buvais, je leur attribuais le statut de vérité. Le soin de me racheter, pas moins : de combler la carence narcissique, la blessure d’enfance »
L’amour c’est beau, oui, mais ça peut faire mal. Huit ans . Huit ans de vie en pointillés livrés en pâture. Certes, on peut dire que huit ans d’une vie, c’est bien peu. Huit ans de prison, c’est énorme. Et amplement suffisant pour détruire.
J’ai été profondément touchée par cette histoire, cette histoire dont « l’amour était le personnage » .J’ai souffert avec Douce et je vous avoue l’avoir maudit, lui. J’ai trouvé l’analyse du sentiment amoureux poussé à son paroxysme au plus près de la vérité. Quant à la plume de Sylvia Rozelier, que vous dire ? Que vous dire si ce n’est qu’elle est sublime de finesse, de pudeur, de justesse.. Que vous dire si ce n’est que l’autrice manie avec brio l’art de tenir le lecteur en haleine, le ventre noué, les mains tremblantes, le cœur en vrac ? Que vous dire sinon LISEZ-LE !!
© Nath