Graal émotionnel - Rencontre avec Franck BOUYSSE
Rencontre avec Franck Bouysse, mon Graal émotionnel
Librairie Le Divan, Paris – 21/03/2019
Ayant renoncé à le rencontrer lors du Salon du Livre de Paris, c’est dans une librairie parisienne que j’affectionne particulièrement, que j’ai enfin pu écouter Franck Bouysse parler de son œuvre, de son écriture, et tout particulièrement de son dernier roman « Né d’aucune femme », paru aux Editions la Manufacture de Livres, et qui est, vous le savez sans doute, un énormissime coup de cœur pour moi.
Morceaux choisis (et croyez-moi, le choix fut cornélien), de ce moment magique, splendidement solaire, à fleur de peau, sincère et humble. A l’image de l’auteur.
« « Mon nom est Rose. C’est comme ça que je m’appelle. Rose tout court » : c’est parti… Au moment où j’écris, je ne peux plus m’arrêter. Je suis vivant, les personnages sont vivants, je prête ma main à Rose et à chacun d’eux. Ils imposent leurs voix, l’histoire se raconte. Celle-ci est née de la rencontre de deux silex. Une étincelle. Pour ce roman, j’avais besoin de crever l’obscurité.
Rose va respirer grâce aux mots. Né d’aucune femme est un conte cruel. Comme le Petit Poucet de Perrault. Car, il ne faut pas l’oublier, l’ogre est tout de même né d’une femme. Ce n’est pas parce qu’on est prédestiné à quelque chose qu’on ne peut pas en sortir, échapper à un chemin tracé. Dans le roman, le cheval a un aspect mythologique. Lorsque Rose monte sur le dos d’Artémis, elle domine le destin, son destin. Elle le défie, tout comme elle défie la mort.
C’est facile de s’indigner, il faut résister. Ecrire est ma forme de résistance et de révolte, quelque chose qui me prend aux tripes. C’est organique. Je porte des livres depuis l’enfance, ensuite des graines d’émotion germent. On écrit comme on est, on recompose sa mémoire, ce dont on s’est nourri. Il faut avoir confiance en son doute, c’est ce qui provoque cette adrénaline. Lorsque j’écris, je ne fais l’économie de rien. Je vais jusqu’au bout du personnage. J’accepte de m’absenter de ma propre personnalité. Les personnages arrivent, l’histoire se raconte. Je ne sais jamais ce qui va arriver, je ne prévois rien. Je balance le premier jet sur des cahiers, tout doit ensuite se connecter, j’entre dans une sorte de nuit personnelle.
L’écriture a pour moi une puissance atavique. »
J’aurais pu vous en dire encore, et encore. Vous raconter l’intensité de cette rencontre, les émotions, les mots dits et les mots tus… Ces mots qui, sous la plume de Franck Bouysse, deviennent des histoires, des contes, des cris, des pépites. Je préfère vous laisser en compagnie de ses livres et de ses personnages. Je préfère vous laisser découvrir Plateau, Glaise, Grossir le ciel, (dans le désordre de parution ) , et tous les autres. Je préfère vous laisser cheminer avec Judith, Virgile, Joseph, Anna, Gus et Abel…
Et Rose bien sûr…
« Rose, mon nom est Rose. C’est comme ça que je m’appelle. Rose tout court »
© Nath