Quand on aime on ne compte pas -Changer l'eau des fleurs - Valérie PERRIN (Edition Poche)
Changer l'eau des fleurs
Valérie PERRIN
Le Livre de Poche - Avril 2019
672 pages de Bonheur !
Quand on aime, on ne compte pas ! Je vous l'avais présenté en grand format lors de sa parution aux Editions Albin Michel, le voici prêt à se glisser dans votre poche...
Elle s’appelle Violette. Elle est garde-cimetière, après avoir été garde-barrières. Comme si elle avait ce besoin, viscéral, vital, de garder quelque chose… Elle, l’enfant de l’assistance. Elle qui devait se contenter de peu. Elle qui est « pleine de silences qui hurlent ».
Elle s’appelle Violette. Comme ma fleur préférée (tiens donc, première coïncidence !).
Elle m’a prise par le cœur. Elle, Violette. Avec ses cicatrices à l’âme. Cette âme qu’on touche à travers sa peau, à travers ses mots ( et surtout ses silences) , à travers ceux de Valérie Perrin. Elle m’a saisie par les tripes avec cette intolérable blessure que vous découvrirez en lisant le roman. Elle et ses fleurs, elle et sa solitude. Elle, ses chats, et ses amours ratées. Elle et ce passé qui va et vient, flux et reflux temporels d’une vie.
« Je suis inadaptée, cassée. C’est impossible l’amour pour moi. Je suis invivable. Plus mortes que les fantômes qui traînent dans mon cimetière ».
Après m’avoir subjuguée avec Les oubliés du dimanche et la Dame de la Plage, Valérie m’a cette fois encore bouleversée avec Changer l’eau des fleurs et la Dame du Cimetière. Une fois encore, c’est en larmes que j’ai refermé ce superbe roman.
Il y est question d’amour, d’amour éternel , au-delà de l’au-delà, Il y est question de maternité, de paternité, de filiation, de pardon, de rédemption, de résilience, de passion, de désirs, de choix.
Mais il y est surtout question de Vie. Avec une majuscule. Incroyable me direz-vous, quand un roman a pour lieu principal…un cimetière ! L’espoir côtoie la fureur de vivre. Le Bonheur est bien plus fort que la misère !
« Le lierre étouffe les arbres. N’oublie jamais de le tailler . Jamais. Dès que tes pensées t’amèneront vers les ténèbres, prends ton sécateur et taille dans la petite misère » (Sasha, l’un des personnages du récit - Sasha est un prénom que j'aime beaucoup – autre coïncidence).
Le cimetière devient personnage à part entière, et la plume de fée de Valérie Perrin, trempée dans l’encre de l’amour et de l’humanité (j’ai été très touchée par l’allusion à la condition des réfugiés), rend ce lieu beau et paisible comme un Eden. On respire l’odeur des fleurs, on entend le bruit des pas dans les allées, on respire les chagrins, les dits et les non-dits.
Tissant une intrigue toile d’araignée, l’autrice fait de Changer l’eau des fleurs une histoire empreinte de cette humanité hélas à la dérive. On s’attache à chaque personnage (ou presque, faut pas pousser !). On retient son souffle, on pleure, on rit. On s’y retrouve forcément. !
Ce roman fait partie de la sélection 2019 du Prix des Lecteurs du Livre de Poche, catégorie Littérature.
© Nath