Mariage en douce - Ariane CHEMIN
Mariage en douce
Ariane CHEMIN
Editions Points – Août 2017
160 pages
« Le monde entier avait raté l'union de La Promesse de l'aube et d'A bout de souffle. Il aurait dû faire la "une" de tous les magazines, de Life à Paris Match, de Jours de France à Vogue, et même du Harper's Bazaar, mais aucun photographe n'avait saisi de cliché de la fête, aucun témoin n'avait raconté les noces de ces deux mythes. L'actrice et le romancier, un duo de légende, et pourtant aucun récit, aucune trace. Personne n'avait rien su de ce mariage en douce »
Romain Gary, Jean Seberg : deux icônes, un couple mythique…
Lorsqu’ils se rencontrent fin 1959 à Los Angeles , ils sont tous deux mariés, et c’est pourtant le coup de foudre, le début d’une passion flamboyante, salvatrice et destructrice. Une union à leur image. A priori, tout les opposait, à commencer par les vingt cinq années qui les séparaient, lui, l’immigré, l’auteur célébrissime, diplomate, compagnon de la libération, et fervent gaulliste , et elle, venue de l’Iowa, égérie de la Nouvelle Vague, et coqueluche du Tout-Paris.
Si lui est taciturne, sombre, égoïste, et obsédé par l’écriture, elle déborde de vie. Pourtant, leurs cicatrices, leurs sensibilités exacerbées vont être le terreau de l’amour fou qui va les unir. Amour clandestin en ces temps de puritanisme , où Mme de Gaulle interdisait l’accès à l’Elysée à toute personne à la moralité douteuse. Clandestin également l’enfant né de cette union, grossesse cachée sous des draps et des mensonges.
1963 voit l’apparition des premiers paparazzis, , et c’est donc en catimini que le mariage de Jean et Romain sera organisé, un jour d’octobre, dans un petit village corse, sans flonflons, sans joie apparente non plus, si l’on s’en tient à l’unique photographie qui a immortalisé l’instant.
Le mariage durera jusqu’en 1970, date de leur divorce. Cependant, ces deux-là sont restés extrêmement liés.
Ariane Chemin a mené une véritable enquête, rendue possible grâce à Diego, le fils caché, et au témoignage troublant de l’ organisateur de ce mariage auteur de l’unique cliché qui en est témoin.
Jean Seberg, étoile en grande souffrance, femme très engagée dans des combats tels que celui des Black Panhers, sera retrouvée morte dans sa voiture en août 1979. Romain Gary se suicidera quinze mois plus tard, laissant à son chevet ce mot « Aucun rapport avec Jean Seberg, Les fervents du cœur brisé sont priés de s’adresser ailleurs »
J’ ai pris grand plaisir à découvrir ce pan de vie d’un écrivain qui m’est très cher. L’autrice rend la lecture extrêmement plaisante, grâce aux retours dans le temps qui l’émaillent. L’ensemble est très vivant, ce qui est, vous l’avouerez, paradoxal, pour ces deux êtres hors du commun, qui apparaissent dans toutes leurs faiblesses, deux écorchés vifs qui ne pouvaient que s’aimer. Ou se déchirer. Ou sans doute les deux à la fois.
« Du jour de la mort de Jean, Romain n’avait plus jamais écrit… Il avait laissé à Robert Gallimard et à son avocat, Geoges Kiejman, des instructions concernant Vie et mort d’Emile Ajar, où il dévoilait en détail la supercherie. Gros-Câlin, La vie devant soi, Pseudo et l’Angoisse du roi Salomon, c’était lui… Il préparait sa sortie »
© Nath