Sale gosse - Mathieu PALAIN
Sale gosse
Mathieu PALAIN
Editions de l’Iconoclaste – Août 2019
Rentrée littéraire 2019
Wilfried est ce que d’aucuns appellent « un sale gosse », qui multiplie les « bêtises » , les « provocs » . Il porte en lui une grande violence générée par une immense colère, une douleur sourde qui parfois déborde comme un raz de marée. Il faut dire que Wilfried n’est pas né du bon côté de la vie , celui-là même où l’amour, la tendresse et la douceur n’existent pas. Où tout espoir semble condamné d’office. Ce versant aride sur lequel des gosses amputés d’enfance tentent de pousser, privés de fondations.
Confié aux bons soins de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (la PJJ) à l’âge de huit mois, il va grandir avec ce trou béant, ce sentiment abandonnique chevillé au corps, la peur d’aimer sans doute. Il va connaître les aléas d’une justice supposée protéger ces gosses en perdition. Commencera alors une descente aux enfers, le passage par la case délinquance, avec tout ce qui cogne dans la tête , tout ce qui déchire la peau… Être plus fort que … Pour ne pas se faire dévorer tout cru…
Tout chemin débouche forcément sur une clairière. Pour Wilfried, ce sera la rencontre avec Nina, éducatrice spécialisée, non formatée, iconoclaste, au parcours peu commun. Nina brisée mais solide, solaire, forte. Elle sera la rencontre décisive pour le Sale Gosse sur un chemin encore long, encore épineux, mais voilà, il ne sera plus seul.
Sale gosse est un premier roman. Saisissant par son réalisme, par sa langue si contemporaine, par l’empathie qui s’en dégage, c’est un récit riche d’humanité, une vision juste et sans concession d’une réalité à mon sens occultée. C’est un hommage à tous ces hommes et ces femmes, travailleurs sociaux, qui font face à la souffrance, à la misère, au désarroi de ces gamins sacrifiés sur l’autel du politiquement correct.
Je précise que pour écrire Sale gosse, Mathieu Palain a intégré une équipe de la PJJ.
Vous dire que j’ai aimé cette histoire serait un euphémisme. J’ai été profondément bouleversée par la grande sensibilité qui s’en dégage, par les parcours chaotiques de ces gamins. Peut-être y ai-je été particulièrement réceptive parce que ces sales mômes, j’en vois tous les jours. Parce que leurs souffrances me brisent le coeur, parce que Wilfried, c’est aussi pour moi P, qui s’auto-mutile, W. qui parle de suicide depuis ses six ans, L. violée par son père, par son beau-père et par ses frères.. Elle, eux, tous les autres. Je suis admirative du travail des éducateurs en dépit des piètres moyens qui leurs sont alloués. Je referme ici ma parenthèse personnelle, en soulignant combien j’ai été touchée par l’écriture de Mathieu Palain, et en vous incitant vivement à courir chez votre libraire pour faire la connaissance de Wilfried, de Viviane,de David, de Marc, de Nina, et de tous les autres. Ce roman est un cri, enfin, c’est ainsi que je l’ai lu. Et voyez-vous, j’aime profondément les gens qui se lèvent pour dire , pour dénoncer, pour tendre la main aussi.
« Tekber ou tensa. Tu vas grandir et tu vas oublier » - La phrase des vieux Arabes au petits qui tombent dans la rue (incipit du roman)
© Nath