Orléans - Yann MOIX
Orléans
Yann MOIX – Août 2019
Editions Grasset
Rentrée littéraire
A propos d’ « Orléans », Yann Moix déclare «Il y a des romans d’initiation, celui-ci est un roman d’humiliation ».
En effet, l’auteur retrace son enfance douloureuse tant auprès de parents tortionnaires, cruels, sadiques et fiers de l’être, que de ses camarades de classe, dont il fut le souffre-douleur.
La famille, endroit supposément rassurant, bienveillant, sorte de nid où l’enfant est en sécurité, écouté, protégé, valorisé, sera pour lui le lieu de toutes les souffrances, de toutes les brutalités, à la limite de la torture, qu’elle soit physique ou mentale. Incompris, humilié, raillé par des parents encombrés par ce gamin dont ils ne savent que faire, dont il’es ne parviennent même pas à se débarrasser , l’enfant Yann trouvera la force de résister grâce aux mots, à la littérature, aux auteurs qui peupleront sa solitude. « Dedans » est donc un enfer.
« Dehors » ne sera guère plus apaisant. Dehors, c’est l’univers scolaire. Depuis la maternelle jusqu’aux classes supérieures, l’auteur subira moqueries, bassesses et affronts. Ses relations avec la gent féminine seront altérées par ces souffrances et humiliations accumulées, en dépit de ses tentatives de séduction ...
En dépit de ses blessures encore à vif, Yann Moix réussit à écrire un « roman » (là, j’avoue ne pas trop avoir compris pourquoi « roman » et pas « récit ») d’une grande puissance . Puissance résiliente car l’auteur ne s’apitoie pas sur lui-même, il relate. Puissance de l’écriture. Et là, autant vous dire que j’ai été emportée. Orléans est en effet une ode à la littérature, mais aussi à la langue. Magnifiquement écrit, cet hommage aux mots comme respiration m’a séduite tant par sa forme (ces sublimes imparfaits du subjonctif trop souvent oubliés !) que par son fond, qui évite un misérabilisme qui aurait, à mon sens, tout gâché.
« J’aimais le soleil. J’aimais la pluie. J’aimais chaque nuage. J’aimais les arbres et les buissons de la cour. Mes « parents » m’eussent tué sur le coup s’ils l’avaient appris : mais je crois bien que j’aimais la vie
« J’eusse rêvé,plutôt que de m’en débarrasser en les vivant approximativement, de choisir une poignée d’heures à exploiter, à hanter. Tout ce qui est vécu se désagrège, recouvert d’une étoffe oublieuse arrogante, ingrate – se rappeler ne suffit pas
Je remercie les Editions Grasset, grâce à qui j’ai pu faire cette lecture en avant-première
© Nath