Une joie féroce - Sorj CHALANDON
Une joie féroce
Sorj Chalandon
Editions Grasset - Août 2019
Rentrée littéraire 2019
Ouvrir un roman de Sorj Chalandon, c’est pénétrer sur la pointe des pieds dans un univers tout en sensibilité, tout en Humanité, tout en révolte, cette belle et nécessaire révolte, trop souvent oubliée.
Encore une fois, l’auteur ne faillit pas, bien au contraire !
La grande surprise, c’est que pour Une joie féroce, il se glisse dans la peau d’une femme. En effet, ce roman est celui de Jeanne, mais aussi celui de Brigitte, d’Assia et de Melody. Toutes quatre sont liées par la maladie. Jeanne est la narratrice et le personnage principal. Femme effacée, épouse délaissée, mère meurtrie, l’épreuve qu’elle va affronter va la révéler à elle-même. C’est habitée par cette “joie féroce”, cet appétit de vivre, qu’en compagnie de ses acolytes, elle va mettre au point un plan absolument fou, au nom de la solidarité, de la maternité, au nom de la Vie.
J’ai été bouleversée par cette cette histoire que pourtant je redoutais, et mes mots seront sans doute maladroits pour l’évoquer. L’empathie avec Jeanne a été immédiate. La plume “Chalandonienne” m’a une fois encore emportée. J’ai été chavirée par ces formules dont il a le secret, ces phrases qui font mouche parce qu’elles font écho à ces choses enfouies, ces mots qu’il pose sur le papier et qui vous laminent autant qu’ils vous illuminent. Lethème de la maladie a été abordé avec pudeur, sans fioriture aucune, et c’est le cœur en joie (bon j’ai beaucoup pleuré, je le reconnais) que j’ai refermé l’histoire de ces guerrières.
"Jamais je n'avais réagi comme ça. Je me sentais à la fois fragile et incassable, invincible et mortelle. Le camélia avait tanné ma peau de rousse en cuir épais. Déraciné par le scalpel, il avait arraché un peu de mon coeur. Une brisure. Celle qui ne sert pas à grand chose. A être polie, convenable, respectable, décente... Ma priorité était d'arriver jusqu'au matin suivant. Je ne m'excusais plus..."
© Nath