Il était une fois Loup - Le ciel par-dessus le toit- Nathacha APPANAH

Le ciel par-dessus le toit

Nathacha Appanah

Editions  Gallimard (Août 2019)

Collection Blanche

«Il était une fois dans ce pays un garçon que sa mère a appelé Loup ; elle pensait que ce prénom lui donnerait de forces, de la chance, une autorité naturelle... »

Loup a dix-sept ans. C'est un garçon pas comme les autres, un rêveur, un écorché vif qui court , court, court,pour se calmer et fait des rimes dans sa tête.

Autour de lui, gravitent deux femmes. Point d'homme. Père(s) inconnu(s). Un univers féminin que l'on pourrait imaginer doux, tendre, et protecteur.

Il y a la mère, Phénix, et la sœur Paloma. Celle-ci est partie de la maison familiale il y a une dizaine d'années. Une chape de silence pèse sur ce départ. Un immense vide aussi.

Vivre avec Phénix n'est pas de tout repos.. Enfant meurtrie et mal-aimée, elle deviendra à son tour une adulte mal-aimante , glaçante, avec qui entrer en empathie me fut compliqué, je le reconnais ;

Le jour où Loup « emprunte » la voiture de sa mère pour partir retrouver sa sœur, car il a un besoin viscéral de savoir, de comprendre, tout bascule.

Ces trois personnages abîmés, balafrés d'en-dedans, vont dès lors être amenés à se retrouver, brisant ainsi leurs propres carapaces.

Le roman de Nathacha Appanah est construit comme un conte qui pourrait basculer vers la tragédie. En effet, il s'ouvre et se clôt avecla traditionnelle formule « il était une fois ». La narration au présent de l'indicatif apporte à la lecture un sentiment d'urgence absolue.

J'avais beaucoup aimé le précédent roman de l'autrice, "Tropiques de la violence" , j'ai été plus encore subjuguée par celui-ci, et je n'ai pas pu le lâcher, tant il m'a emportée. L'écriture est hypnotique, poétique, et envoûtante, et l'on retient son souffle jusqu'à la dernière ligne. Les personnages sont décrits dans toutes leurs failles, leurs fêlures, qui les rendent terriblement humains. Terriblement un peu de nous peut-être. Du mois dans notre façon de faire « comme on peut ».

Alternant majestueusement ombre et lumière, douceur et violence, Le ciel par-dessus le toit  (allusion bien sûr au poème de Verlaine) est pour moi un très très très gros coup de cœur, sur lequel j'ai clos l'année 2019.

© Nath