Tsili - Aharon Appelfeld
Tsili
Aharon APPELFELD
Editions Points – Septembre 2004esdd
Traduit de l'hébreu par Arlette PIERROT
L'année dernière, je découvrai l'oeuvre d'Aharon Appelfeld grâce au magnifique essai de Valérie Zenatti « Le faisceau des vivants »
Mettant à profit ce confinement imposé, j'ai lu « Tsili », roman d'à peine 160 pages, absolument bouleversant...
Tsili est une enfant pas vraiment comme les autres. Aux dires des siens, elle serait un peu « demeurée » . En cette sombre année 1942, elle a douze ans et vit avec les siens dans un village d'Europe centrale. Lorsque ses parents, frères et sœurs fuient car le danger est imminent, ils laissent derrière eux Tsili, lui demandant de garder la maison.
« Quand la haine se déchaîna, ils s'enfuirent touts en laissant la garde de la maison à Tsili. Ils se disaient qu'il n'arriverait aucun mal une petite fille débile et qu'elle veillerait sur leurs biens jusqu'à ce que la colère fût passée. Tsili obéit sans implorer. L'affolement était considérable et on n'avait pas le temps de penser.
Nous viendrons te chercher, déclarèrent les frères en chargeant leur père sur un brancard.
cette même nuit, les soldats envahirent les maisons et les pillèrent. Ce fut un hurlement énorme, les cris montèrent jusqu'au ciel »
Dès lors, elle va apprendre à survivre, commençant une longue errance, dans les forêts, travaillant de temps à autre chez des paysans qui la maltraitent, dissimulant son origine, et restant debout en dépit de tout ce qui s'écroule autour d'elle.
Au cours de son périple, elle va rencontrer Marek, échappé d'un camp. Un fugitif, comme Tsili. Un « comme elle », perdu, déchiré par l'horreur et pourtant , tout comme elle, animé par cette force de vie qu’insuffle le désespoir. Ils vont s'aimer, se protéger, jusqu'au jour où...
J'ai été profondément touchée par cette histoire, qui, bien que terrible, n'en demeure pas moins traversée par un souffle vital, une force indéniable, et une résilience admirable.
© Nath