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Over the rainbow
Constance JOLY
Editions Flammarion - Janvier 2021

Il était une fois Constance.
Il était une fois ses parents, Jacques et Lucie, professeurs d'italien.

Il était une fois une époque pas si lointaine (peut-on dire qu'elle est révolue ?) où l"homosexualité était considérée comme une maladie mentale.
Il était une fois Jacques, qui, lorsque Constance a huit ans, prend la décision de ne plus faire semblant, et d'assumer son amour pour les hommes. Nous sommes en 1976.

Il était une vie qui bascule, une mère profondément abattue par cette séparation. Et au milieu, une enfant qui ne comprend pas tout, qui se partage entre l'appartement de Maman et celui de Papa et de son copain. Bouche cousue.

Il était cet entrelacs de chemins, de destins de moments. Les premiers rainbow flags. Les tableaux de Francis Bacon, le voyage en San Francisco...

Il était ces moments de complicité et d'amour unissant un père et sa fille, il était tout ce qu'on ne dit pas, parce qu'on ne sait pas le dire...

Et puis, soudain, il y a ces 4 lettres maudites : Sida. Les années de dissimulation. La honte. "Le cancer des homosexuels", "la punition divine". La maladie qu'on ne nomme pas.

Il y a le bruit des ronces, les mains qui se nouent, les yeux qui se cherchent. Il y a la sidération. La douleur. L'absence. Définitive. La boîte, dérisoire, de pastilles Valda dans le tiroir de la table de nuit. Le pull dont on ne peut se défaire parce qu'il porte encore son odeur. Il y a la douleur. On apprend à faire avec, ou plutôt à faire sans.

Par dessus tout, il y a l'amour, indéfectible, l'arc-en-ciel,la vie plus forte que tout,  et le temps qui passe, les années par dizaines, jusqu'à la libération qui permet d'écrire sa propre histoire.

Avec une pudeur infinie,une élégance inégalée et une poésie chevillée aux mots, Constance Joly livre ici un pan d'elle-même, dénonce l'intolérance et l''hypocrisie relatives à l'homosexualité. L'autrice coud d'or ses cicatrices, ce qui les rend infiniment plus belles. Ce récit est une ode à la paternité, à la transimission, à la filiation, mais surtout c'est un hymne à la Liberté. Celle d'être Soi.

Vous dire que j'ai été profondément bouleversée par cette lecture-kintsugi, serait un euphémisme. J'ai beaucoup, beaucoup pleuré, et cela, croyez-moi, c'est bon signe me concernant (ne me demandez surtout pas pourquoi, je n'en sais absolument rien).

"Je connais la langue des absents. C'est toi qui me l'a apprise"

© Nath