De mon plein gré - Mathilde FORGET
De mon plein gré
Mathilde FORGET
Editions Grasset - Mars 2021
Elle arrive un dimanche matin dans un commissariat. Elle veut déposer plainte pour une agression sexuelle. Ou se livrer à la police, on ne sait pas trop. A t'elle tué son agresseur ainsi qu'elle le pense ?
Est-elle victime ? Est-elle coupable ?
Les mots, les pensées s'entrechoquent.
Le livre se présente comme une déposition, et décrit parfaitement la difficulté d'être entendue, les interrogatoires multiples et sans fin, l'inhumanité des services concernés, l'état de sidération, le regard d'autrui qui enveloppe d'une chape coupable.
Au fil de la lecture, la vérité apparaît dans toute sa laideur, dans toute sa salissure, dans toute l'ambigüité des sentiments ressentis lorsque l'on ose dire l'indicible.
Le roman est court, glaçant, jalonné de digressions évoquant la confusion qui règne dans la tête de la narratrice, lesbienne et alcoolisée le soir des faits.
Je referme ce livre avec une drôle d'impression que je ne saurai définir. J'ai aimé l'écriture acérée, haletante, la façon dont l'autrice aborde le rapport au corps , ce regard "de l'intérieur" sur la difficulté à être reconnue en tant que victime et dénonce l'homophobie entre autres. J'ai eu tout de même un peu de mal avec le côté décousu de la narration. Un roman important tout de même, à lire d'une seule traîte, pour ne pas perdre le fil.
"Le corps est un lieu qu’on ne quitte jamais. Je peux quitter une ville, un pays, une personne, m’en éloigner au moins. Mais lorsque l’évènement a lieu dans le corps, en son creux, au fond du ventre, on est condamné à vivre avec"
© Nath