Ce matin-là - Gaëlle Josse
Ce matin-là
Gaëlle Josse
Editions Noir sur Blanc - Notabilia - Janvier 2021
Ce matin-là, c'est celui où tout vacille pour Clara, jeune femme à qui tout semble réussir, tant dans le domaine professionnel que sur le plan amoureux.
Ce matin-là, sa voiture ne démarre pas. Faut-il y voir un symbole du corps qui à son tour, lâche, ne veut plus, ne peut plus ?
Ce matin-là est celui d'une cassure. D'un fil qui se rompt . D'un feu qui brûle l'en-dedans. D'un essoufflement. D'un épuisement. D'une chute.
Gaëlle Josse dédie son roman "à tous ceux qui tombent", aux victimes de burn-out, de dépression. J'emploie le mot "victime" à dessein, car le mal est pernicieux, qu'il fond sur ses proies sans avertissement et les dévore, les dépiaute, les laisse démunies, enfermées dans ce mal-être qui les ronge jour après jour, nuit après nuit.
Clara se rend compte que sa vie n'est pas là, à vendre de l'argent à des gens parfois surendettés, à des personnes âgées qui culpabilisent de ne pas pouvoir offrir de beaux cadeaux à leurs petits-enfants. Elle qui rêvait d'autres horizons, qu'a t'elle fait de tout ce temps ? De tout son temps ?
Gaêlle Josse a "voulu écrire un livre comme une main posée sur l'épaule", en toute empathie, en toute pudeur. Une main sur l'épaule pour accompagner, aider à se relever, pour trouver le sens que l'on voudrait vraiment donner à son existence.
Cette histoire m'a beaucoup, beaucoup émue. Bon, déjà, il est vrai que j'aime infiniment l'écriture de cette autrice, si juste, si douce, si profonde. Mais surtout, le sujet évoqué me touche particulièrement. Le burn-out, la dépression, ne sont pas que des mots. Ce sont bel et bien des maux qui gangrènent. Alors, une main sur l'épaule, vous comprenez c'est plus que nécessaire.
Je remercie Gaëlle, les Editions Noir sur Blanc et l'agence La Bande pour cette magnifique lecture-écho, un peu tardive certes, mais il y a ces moments où l'on tombe...
"Clara la vaillante, vacillante. Une lettre en plus qui dit l'effondrement.
Une lettre qui se faufile au milieu de la vaillance, la coupe en deux, la cisaille, la tranche.
Une lettre qui dessine une caverne, un trou où elle tombe, un creux, une lettre qui l'empêche de retrouver celle qu'elle était, entière, debout"
© Nath