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Le démon de la colline aux loups
Dimitri Rouchon-Borie
Editions Le Tripode - janvier 2021


Le Démon de la Colline aux Loups, de Dimitri Rouchon-Borie, fait partie des lectures qui vous hantent, bien longtemps après avoir refermé le livre, par la puissance de l'histoire qu'elles racontent, par la force de leurs mots, par les questionnnements induits...
Je reconnais humblement que je crains de ne pas savoir en parler comme il faudrait, avec la justesse attendue, avec la précision que j'aimerais poser, avec les émotions qui ont noué mon ventre, avec ce flot submersif de sentiments contraires nés de l'écriture de l'auteur.

Je vais donc essayer d'en dire le moins possible, pour rester dans la concision de rigueur .

Un homme écrit son histoire, depuis la cellule dans laquelle il est incarcéré pour meurtre. Il raconte. Avec sa langue, de travers. Tout comme lui. Il dit l'horreur. Celle d'une enfance broyée. Il dit la violence, la maltraitance. Il dit aussi les moments heureux, l'école salvatrice, la bienveillance d'une famille d'accueil, ses efforts à lui pour chasser le Démon qui le ronge d'en-dedans. Mais n'est-il pas déjà trop tard ?

"imaginez-vous sous l'eau depuis le jour de votre naissance à retenir votre respiration en attendant une bouffée d'air qui ne vient pas ma vie c'est ça"

Face à lui-même, et peut-être pour laisser une trace , Duke, sur une vieille machine à écrire, va, nuit après nuit, au fil des lectures qui vont l'accompagner, notamment les Confessions de Saint-Augustin, livrer son ultime bataille, et sans doute la plus difficile : celle qu'il mène contre lui-même.

Le roman pose brillamment la question du manichéisme, de la rédemption, et de la responsabilité potentielle d'une société parfois impuissante (ou aveugle) face à ce qui dépasse son entendement.

Le texte est porté par une langue volcanique. Pas de ponctuation, peu de syntaxe. Juste un alignement de mots, l'expression d'une souffrance infinie . Un sublime uppercut !

"Un soir j’ai senti l’air changer et mes narines piquaient et la lumière était différente aussi comme si elle devenait plus fine, plus belle et c’était comme passer du monde du verre au monde du diamant"

© Nath