Et mes jours seront comme tes nuits
Maëlle Guillaud
Editions Héloïse d'Ormesson - février 2022
Rentrée littéraire d'hiver
"Et mes jours seront comme tes nuits" est le troisième roman de Maëlle Guillaud .
Elle aborde cette fois le thème de l'enfermement carcéral, après avoir évoqué dans "Lucie ou la vocation" le quotidien d'un couvent.
Pour vous toucher quelques mots de ce tout dernier né, sans pour autant le divulgâcher, je vous dirai qu'il raconte l'histoire d'Hannah et de Juan. Un couple qu'un trajet de RER sépare, entre le dehors et le dedans, entre liberté et prison, entre passé et présent.
Depuis trois ans, elle va le retrouver tous les jeudis au parloir. Un bref instant de fausse intimité, qui brise la solitude, le manque de l'autre, de sa peau, de son odeur. Une parenthèse , entre la tristesse et la joie que l'on tente de construire, brique après brique, quand on a tout perdu.
Hannah est musicienne, Juan est peintre. C'est sans doute cette sensibilité commune, cousue aux blessures communes, qui est le point et le port d'ancrage de leur amour, depuis leur rencontre à Tanger, et qui survit à la séparation, depuis le jour de la perquisition, depuis la trahison du "meilleur ami".
Avec talent, Maëlle Guillaud ouvre les portes d'un monde méconnu, et passe au crible les thématiques qui lui sont chères : l'enferrmement et l'emprise.
Du soleil de Tanger à la noirceur de la maison d'arrêt, elle dresse un tableau de personnages que l'on ne peut qu'aimer profondément (enfin, hormis le traître à l'origine de la descente en enfer)
L'émotion est présente en permanence, tout est délicatesse et puissance à la fois, tout est profonde empathie. On en oublie les barbelés et les larmes. C'est sans doute cela la magie des mots.
J'ai beaucoup, beaucoup aimé cette histoire, découverte en avant-première grâce aux Editions Héloïse d'Ormesson que je remercie. J'ai souffert avec Hannah et Juan, j'ai espéré, j'ai entendu la musique de la flûte, senti l'odeur des tubes de peinture, et la douceur du soleil marocain. J'ai suivi l'attente, passionnément, jusqu'à la dernière ligne, sublime !
"Leurs histoires sont différentes, leurs souffrances ne sont pas les mêmes... Pourtant, elle sent en lui une familiarité, elle retrouve en lui cette vulnérabilité, cette béance dans le regard... "
© Nath