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Je suis la maman du bourreau
David Lelait-Helo
Editions Héloïse d'Ormesson - janvier 2022

Gabrielle de Miremont est une aristocrate catholique de 90 ans. Sa plus grande fierté est son fils cadet , Pierre-Marie, pour lequel elle éprouve un amour au-delà des mots, et qui a naturellement voué sa vie à Dieu, en devenant prêtre. Pour lui, elle a délaissé ses deux filles, plaçant cet enfant béni au centre de son existence.

Le jour où celui-ci met fin à sa vie, Gabrielle veut comprendre. Cette femme au demeurant austère et figée dans ses certitudes et une inébranlable foi, va découvrir une vérité qui dépasse l'entendement. Tout ce qu'elle a bâti s'effondre, elle va toucher du doigt l'horreur , ébranlant par là-même son monde, celui sur lequel elle tenait debout depuis toujours.

Ce roman est celui d'un effondrement et d'une trahison.

Magistralement constuit sous la forme d'une confession alternant avec des chapitres haletants, l'intrigue se tisse comme une toile d'araignée, enserrant peu à peu le lecteur jusqu'à la fin, absolument magistrale.

"Je suis la maman du bourreau" est un immense, un gigantesque coup de coeur, tout comme l'avait été "Quand je serai grand, je serai Nana Mouskouri", du même auteur. Ce n'est pas un énième roman sur le scandale de la pédophilie au sein de l'église. Non, celui-ci aborde le sujet d'une façon inédite, et même si on ne peut sortir intact de cette lecture, elle m'apparaît indispensable.

David Lelait-Helo analyse avec une grand finesse la complexité des sentiments humains, le rapport à la foi, et la maternité, qui, sublimée , va devenir fardeau et honte.

L'écriture est concise, au plus près des ressentis de tous les personnages.

Gabrielle, au fil des pages, m'est apparue touchante dans sa fragilité et sa détermination à faire éclore la vérité, quel que soit le prix à payer. Elle développe une empathie bouleversante envers les victimes de son propre fils, et c'est avec un grand courage qu'elle se reconnaît en tant que "maman du bourreau".

"Il m'a toujours semblé que la nuit précède le jour. Des légendes anciennes chantent que, sous ses voûtes étoilées, se cache la lumière qu'au jour nouveau les hommes allumeront. Dans le feu, demain , je serai brûlée vive, et me reviendront intacts les derniers mots de l'Etranger d'Albert Camus "Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul; il me restait à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueilleront avec des cris de haine".

© Nath