Ecoute la pluie tomber
Olivia Ruiz
Editions JC Lattès - Mai 2022
Le second roman d'Olivia Ruiz nous entraîne dans son Sud natal (qui est aussi le mien), à Marseillette, petit village audois dont le café, tenu par Rita et André, est le centre d'attraction de la population locale.
Carmen est la petite dernière d'une fratrie féminine, soeur cadette de Rita et tante de Cali, nièce adulée, dont elle pleure le décès dans le prologue, poignant.
Rebelle, insoumise, Carmen, dite Cita (en espagnol, nous utilisons beaucoup de diminutifs), refuse de suivre le chemin de ses soeurs, dominé par l'empreinte du patriarcat, en dépit de caractères bien trempés. C'est ainsi que du jour au lendemain, elle suit un jeune torero jusqu'à sa hacienda, aux portes de Madrid, ce qui la conduira à tout ce qu'elle voulait fuir, à la prison, à la résilience, avant de revenir à la source, aux racines occitanes.
Ecoute la pluie tomber est une magnifique histoire d'amour. Ou d'amours. Celui qui unit Carmen à sa nièce tant aimée, celui qui la lie à sa région, celui qui l'unit à Escouto, dont les mots restent bloqués, on ne sait pourquoi (enfin, on l'apprend en fin de lecture, mais chut !!)
Vous dire que j'ai adoré cette histoire serait un euphémisme. J'y ai retrouvé ma région , tous ces mots occitans / espagnols qui ont fait mon enfance et mon adolescence avant l'exil. J'ai senti la chaleur de là-bas, respiré l'air des Corbières, me suis emplie de cette lumière qui n'existe que vers chez nous. J'ai ri, j'ai pleuré, j'ai tout aimé, absolument tout, de la première à la dernière page.
Olivia Ruiz confirme ici son talent de conteuse, d'artiste multi-facettes, de poétesse. Sa langue chante et illumine le récit, et on se laisse porter , tout doucement, tout doucement.
"J'ai longtemps nié mon existence. Aujourd'hui je regarde dans le rétroviseur ceux qui l'ont forgée. Ils sont tous là, se rappelant à mon souvenir d'un signe de la main, pour que je continue de la construire sans oublier chaque leçon qu'ils m'ont donnée".
© Nath