Tibi la Blanche - Hadrien Bels
Tibi la blanche
Hadrien Bels
Editions de l'Iconoclaste - Août 2022
Rentrée littéraire 2022
Si dans son premier roman "Cinq dans tes yeux", Hadrien Bels nous emportait à Marseille, nous voici cette fois, par la magie des mots, en Afrique, plus précisément à Dakar, avec cette seconde et brillante publication "Tibi la blanche" (Editions de l'Iconoclaste).
A Thiaroye, quartier proche de Dakar, ils sont trois à attendre les résultats du bac.
Il y a Issa, empereur du wax et de la mode, qui rêve de devenir styliste .
Il y a Neurone, l'intello de la bande, sûr de sa réussite, fils d'un "nanti" local, ce qui pourrait outre ses indéniables capacités, lui ouvrir bien des portes, à priori.
Et puis il y a Tibi. Ils l'appellent Tibi la Blanche, parce qu'elle rêve de partir en France. Elle ne veut pas du destin tout tracé qui semble s'imposer à elle : un mari choisi , qui partirait là-bas, gagner de l'argent qu'il enverrait via Western Union en attendant que son épouse le rejoigne dans une HLM de banlieue où elle s'occuperait de leurs enfants. Elle se veut libre, indépendante, tout en demeurant très attachée à ses racines et respectueuse de la Terre qui l'a vue grandir.
Tout va se jouer sur les résultats de l'examen, des mentions espérées et nécessaires, sur un stylo marabouté, et ... le destin !
Hadrien Bels réussit ici ce tour de force de nous transporter tous nos sens au Sénégal. il nous y convie, comme le veut la traditionnelle Téranga (loi de l'hospitalité). Nous sentons le soleil nous brûler la peau, l'odeur du thiep, le claquement des Tic Tic, les rires, les cris, les pleurs, les silences désespérés, les rancoeurs tues ou vivaces.
Mais ce roman n'est pas que cela. Il est aussi et par dessus tout une déclaration d'amour à l'Afrique, une dénonciation du (néo) colonialisme ravageur. Il y est question d'immigration et d'émigration, de féminisme, de joie de vivre, d'amitié, de différence(s), de marabouts, de musique, et d'amour. Celui que Neurone porte à Tibi, sans retour aucun. Il y est question de choix, d'identité, de parentalité, de ce que peut provoquer le capitalisme occidental chez ceux qui font le choix d'y adhérer.
Coup de coeur immense pour Tibi, pour l'écriture d'Hadrien, pour ce qu'il dit et ne dit pas, mais que l'on devine aisément, pour le sujet évoqué avec tant de brio,pour ces personnages que j'ai eu du mal à laisser partir.
Je remercie vivement l'auteur et les Editions de l'Iconoclaste grâce à qui j'ai pu voyager en avant-première.
© Nath