Des dorayaki et un cerisier Les délices de Tokyo - Durian SUKEGAWA -
Les Délices de Tokyo
Durian SUKEGAWA
Editions Albin Michel – 2016 –
Editions le Livre de Poche – 2017 –
Prix des Lecteurs du Livre de Poche , catégorie Romans , 2017
N’étant pas une fanatique de littérature japonaise, c’est avec une certaine appréhension que je me suis lancée dans cette lecture, convaincue par une amie blogueuse et par le prix qui lui a été attribué récemment et qui constitue pour moi un gage de qualité, prix auquel je suis fidèle depuis longtemps …
J’ai découvert, au fil des pages, une histoire délicieuse, poétique, sucrée , un coup de coeur pour ces dorayaki et les personnages qui gravitent autour.
Sentarô, un jeune homme, sort de prison , et parce qu’il faut bien vivre, il tient un baraquement où il vend des dorayaki, pâtisseries japonaises composées de deux pancakes au cœur desquels se love une délicieuse pâte de haricots rouges confits (pour y avoir goûté, je vous confirme que c’est un régal). Ce n’est pas là la vocation première de Sentarô, lui, il veut écrire… Il ne se sent guère investi dans cet emploi qui lui pèse plus qu’autre chose, et c’est la sans moindre conviction qu’il prépare ses petits « délices ».
C’est là qu’intervient Madame Tokue Yoshi.. C’est là que la plume de Durian Sukegawa a attrapé ma main . Mme Tokue qui sait "écouter le chant des haricots"...
Commence alors une belle histoire entre ces deux êtres au bord de leurs gouffres personnels, une splendide histoire d’amitié, entre ce jeune homme perdu et cette vieille dame aux doigts tordus. Un lien extraordinairement humain va les unir . Il également se nouer avec les jeunes clients de la boutique, au-delà des différences. De toutes les différences
« Le cerisier a perdu toutes ses fleurs .
- C’est pour qu’on puisse admirer les feuilles
- Admirer les feuilles ?
- C’est le moment où elles sont les plus belles. Regardez par là »….
- Elles nous font signe de la main »
L’auteur dénonce ici l'une de ces différences, honnie par une la société... Je ne vous en dirai pas plus, je ne voudrais en rien déflorer le fil rouge de ce magnifique et poétique roman, empli de sensibilité. C’est une leçon de vie, une ode à la patience, à la tolérance, à l’amour, à l’amitié, aux arbres, à la Nature, à l’art de s’émerveiller.
J’ai aussi découvert une partie de l’Histoire du Japon qui m’a fait froid dans le dos.. Je me suis laissée porter par une écriture fluide, tout en rondeur, tout en amour et joliesse…
« Nous sommes nés pour regarder ce Monde, pour l’écouter. C’est tout ce qu’il demande…. »
« Voilà pourquoi je faisais de la pâtisserie. Je confectionnais des mets dont je nourrissais ceux qui avaient accumulé les larmes. C’est ainsi que moi aussi, j’ai réussi à vivre ».
© Nath