C'était en mai, un samedi -David Lelait-Helo
C'était en mai, un samedi
David Lelait-Helo
Editions Pocket - mai 2015
Il y a ces personnages troublants, ceux qui affichent un bonheur intense sous les feux des projetcteurs, et chez qui on devine pourtant une grande fragilité...
Le 2 mai 1987, deux femmes ne se connaissant pas, vont avoir, en pleine nuit, une longue conversation téléphonique. Iolanda est à Paris, Sophie en Sologne. Toutes deux sont seules, pour des raisons différentes.
Alors que le compte à rebours vers une mort choisie a commencé pour l'une d'elle, l'autre est à l'aube d'une nouvelle vie. Vous l'aurez peut-être compris, Iolanda n'est autre que Dalida, la star adulée, la femme aux innombrables amis, la petite égyptienne qui est devenue l'immense artiste que l'on connaît.
Au fil de la conversation, on découvre une âme désespérée, ne croyant plus en rien, rongée par la solitude, lasse d'une vie superficielle, faite de paillettes, de strass, de robes trop serrées, de deuils déchirants, de soirées animées rue d'Orchampt Et puis,les traces du temps commencent à s'installer, et avec elles, la peur de vieillir. Seule avec ses regrets. Tout ce qui brille n'est pas or, Dalida en est l'exemple même.
C'est une femme épuisée qui s'adresse à une autre, laquelle tente en vain de la raccrocher à l'existence.
Le texte est magnifique, les dialogues touchants, l'écriture sublime de sensibilité (comme toujours avec David Lelait-Helo). Cette conversation téléphonique est si sincère, qu'il m'a plu de l'imaginer réelle, malgré la fin que nous connaissons tous, ces septs mots griffonnés qu'elle a laissés en guise d'adieu.
C'était en mai un samedi est un hommage lumineux à une héroïne, une artiste, une femme blessée qui n'en peut plus de tenter de tenir debout.
J'ai été bouleversée par cette lecture, que je vous recommande vivement .
"C'est quand on ne rêve plus que tout s'achève. Moi, c'est différent. J'ai tant rêvé, j'ai fait le tour des amours, j'ai pris tant de chemins , vécu tant d'aventures et d'éblouissements, et aujourd'hui, voilà que je suis revenue de tout. Sans force ni envie, les poches et le coeur vides. Un jour, il faut aller faire ailleurs ce que l'on n'a pas pu faire ici".
© Nath