Paradis perdu - Petit pays - Gaël FAYE - #MRL16

Petit pays

Gaël FAYE

Editeur : GRASSET  - Août 2016 -

Livre reçu dans le cadre des #MRL16, merci infiniment pour ce beau cadeau !

« Pas un jour sans que le pays ne se rappelle à moi. Un bruit furtif, une odeur diffuse, une lumière d'après-midi, un geste, un silence parfois, suffisent à réveiller les souvenirs de l'enfance. »

Ce petit pays, c’est le Burundi, état d’Afrique qui fut, dans les années 1990, le théâtre d’une terrible guerre civile, d’un effroyable génocide, sous les yeux d’une communauté internationale bien peu impliquée.

Gabriel (Gaby), le héros du roman, a dix ans, et vit à Bujumbura. Il est métis, son père est français, sa mère rwandaise. En dépit de la séparation de ses parents il mène une enfance riche en couleurs, en saveurs, fous rires et espiègleries avec les copains de l’impasse. Une enfance riche en rêveries et lectures, et ce grâce à Madame Economopoulos, pourvoyeuse en livres.

Ce doux cocon va soudain exploser avec les massacres ethniques… Quand on a juste dix ans, on ne comprend pas . Tout cela ne serait donc qu’une affaire de nez ? En effet, c'est là la seule différence entre Tutsis et Hutus.. La forme du nez... Gabriel ne veut pas avoir à choisir. Et pourtant...

« Cet après-midi-là, pour la première fois de ma vie, je suis entré dans la réalité profonde de ce pays. J’ai découvert l’antagonisme hutu et tutsi, infranchissable ligne de démarcation qui obligeait chacun à être d’un camp ou un autre. Ce camp, tel un prénom qu’on attribue à un enfant, on naissait avec, et il nous poursuivait à jamais. Hutu ou tutsi. C’était soit l’un soit l’autre. Pile ou face. »

C’est soudainement l’embrasement, la fin de l’insouciance, d’une époque bénie, le basculement dans l’horreur, le drame, le sang, la guerre. C’est la confrontation avec le monde réel, pas celui que la bande des 5 refaisait dans le vieux combi Volkswagen. C’est l’horrible apprentissage de la haine, la mort qu’on touche du bout des doigts. C’est la peur qui noue les tripes, c’est l’adieu à l’enfance. C’est l’exil.

Le monde « d’avant » éclate, il ne restera plus de lui qu’un paradis perdu.

Gaël Faye signe avec ce Petit Pays un premier roman tendre et poignant, qui pique aux yeux…

J’ai été séduite de la première à la dernière page, j’ai eu mal pour Gaby, j’ai souri, j’ai ri avec lui. Un récit tout en pudeur et poésie, avec cette Afrique qui m’est si chère pour toile de fond. Un roman incontournable de la rentrée littéraire 2016, une vraie réussite.

A noter l’album éponyme de Gaël Faye, un régal pour les oreilles.

« On ne doit pas douter de la beauté des choses, même sous un ciel tortionnaire. Si tu n’es pas étonné par le chant du coq ou par la lumière au-dessus des crêtes, si tu ne crois pas en la bonté de ton âme, alors tu ne te bats plus, et c’est comme si tu étais déjà mort. »

Comments

[Moka]

Merci pour ta participation aux matchs et pour avoir pioché dans ma sélection.