Ce coeur qui haïssait la guerre - Légende d'un dormeur éveillé - Gaëlle NOHANT -
Légende d’un dormeur éveillé
Gaëlle NOHANT
Editions Héloïse d’Örmesson – Août 2017 –
Rentrée littéraire 2017
« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous ». Cette phrase de Paul Eluard pourrait résumer à elle seule ma rencontre avec ce Dormeur éveillé, le poète Robert Desnos, à qui Gaëlle Nohant rend un hommage poignant, lumineux, et tellement, tellement justifié !
Des années folles à l’occupation, du surréalisme à la Résistance, Robert Desnos a toujours été un homme engagé.
Croisant les figures emblématiques de Montparnasse ou de St Germain des prés, criant sa révolte et sa soif de vivre à travers les mots qui sont parvenus jusqu’à nous, cet immense visionnaire épris de Liberté et avide d’amour, a laissé une inoubliable empreinte auprès de ceux qu’il a côtoyés.
Tout le talent de Gaëlle Nohant (et c’était déjà le cas dans La part des flammes) est de mettre tant d’amour et de sincérité dans ses mots à elle, que nous , lecteurs, entendons les voix, frémissons sous les regards, et la présence des absents emplit le silence : Alejo Carpentier, Prévert, Eluard, Garcia Lorca, Neruda, Picasso, Jean-Louis Barrault prennent ainsi la parole, on se surprend à écouter leurs conversations, et à croiser leurs regards sur ce Monde qui se prépare au pire.
Le roman s’étale sur trois périodes , trois axes de la vie de Desnos, avec toujours ce vent de liberté qui souffle en toile de fond, et cette révolte permanente au fond de son inoubliable regard. Et puis il y a l’Amour, celui pour les femmes, ce dernier amour passionné pour Youki, sa Sirène.
Au-delà du poète, au –delà du visionnaire, il y a le Combattant, celui qui haïssait la guerre, celui qui aidera des familles juives en leur procurant des faux-papiers, celui qui prendra les armes, celui qui ne fuira pas et sera déporté, celui qui remontera le moral de ses compagnons de camp, croira jusqu’au bout qu’il reviendra, continuera à écrire poèmes et lettres à son aimée.
« J’ai une étoile pour veiller sur moi et une sirène à retrouver. Je ne risque rien »
Ce roman est une ode à la vie, à la Liberté et à la Résistance. Il est aussi le nécessaire appel à la vigilance : en effet, comment ne pas faire le parallèle entre le monde qu’il décrit, cette montée de l’intolérance, du racisme, et de l’antisémitisme, avec celui qui nous entoure. Il est la mise en garde prophétique contre les extrêmismes qui ébranlent les esprits de ce XXIe siècle.
J’ai été pulvérisée, atomisée, et bien plus encore (oui, oui !) par ce roman bouleversant , et l’écriture addictive de Gaëlle Nohant par son art de faire vivre au lecteur ces sensations inoubliables, par l’amour qu’elle porte à Robert Desnos, et qui l’accompagne au fil des pages.
A titre plus personnel, et au-delà de l’admiration que j’ai toujours portée à Desnos, j’ai été touchée en plein cœur, car j’ai retrouvé une partie de mon histoire familiale dans celle de ce Dormeur éveillé.
« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous » , merci à Gaëlle pour celui-ci, il est gravé dans mon cœur. Avec amour. Avec tendresse. Avec admiration. Avec toutes les larmes qui ont accompagné ma lecture. Avec les mots de Robert. Avec son regard inoubliable. Merci aux Editions Héloïse d'Ormesson, bien évidemment...
« Car ces coeurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté
au rythme même des saisons et des marées,
du jour et de la nuit. »
© Nath