La révolte - Clara DUPONT-MONOD
La révolte
Clara DUPONT-MONOD
Editions Stock – Août 2018
Rentrée littéraire
« Relève ce qui est détruit, conserve ce qui est debout »
C’est par la voix de son fils Richard Cœur de Lion qu’Aliénor d’Aquitaine prend vie dans ce roman de Clara Dupont-Monod (le second qu’elle lui consacre , après « Le roi disait que j’étais diable »). On découvre une Femme flamboyante, incroyablement avant-gardiste, pugnace, une battante. Mariée deux fois, à Louis VII , Roi de France dans un premier temps, puis à Henri Plantagenêt, futur roi d’Angleterre, elle n’aura de cesse de demeurer libre, et de préserver cette liberté (et aussi, mine de rien, ses territoires). Il faut préciser qu’alors, Aliénor était la femme la plus puissante d’Occident, son duché s’étendant sur une grande partie de ce qui constitue aujourd’hui la France.
Si Richard Cœur de Lion est le narrateur, Aliénor demeure à mon sens le personnage principal du roman. Mère distante, souvent inflexible, peu encline aux démonstrations d’affection, elle n’en porte pas moins, à sa façon, un immense amour à ce fils, qui est lui-même éperdu d’admiration et dans l'attente de gestes tendres de la part de cette femme qui n’hésitera pas à s’unir à ses fils pour mener une révolte contre l’immonde Plantagenêt qu’on a juste envie d’écarteler en place publique, soit dit en passant.
Clara Dupont-Monod fait de de ce récit une épopée captivante. Elle met en lumière celle qui fut sans doute l’une des premières féministes. Le Moyen-Age prend ses lettres de noblesse ici, et apparaît comme bien moins barbare qu’on ne le pense.
Aliénor et Richard, une mère, un fils, un tout. Deux personnages qui ont marqué l’Histoire.
"Des mois plus tard, viendra le manque de ma mère. Je la voudrai comme on veut sa part d'enfance, moi qui n'ai jamais été petit garçon. Je serai l'amputé d'un temps. Moi, le roi, l'espace d'un instant qui durera des nuits, je ferai partie des dépouillés, appelant ma mère comme on demande justice"
La révolte est un hommage émouvant à l’amour d’un fils pour sa mère, un hommage aussi à l’époque médiévale, avec ses codes, ses troubadours, et un certain raffinement oublié.
L’écriture est somptueuse, dynamique, fluide et extrêmement musicale. On entend le hennissement des chevaux, le bruit des épées sur les champs de bataille, le pas d’Aliénor, les chants des troubadours qu’elle aimait tant. On respire les parfums. On est transportés au douzième siècle. Magistralement !
© Nath